C'est de l'hébreu... et bien autre chose encore !

L'hébreu fait partie de ces langues dites "rares" qui éveillent la curiosité sitôt évoquées. Mais qui donc parle hébreu ? Et où ? Y a-t-il un rapport entre l'hébreu ancien, celui de la Bible, et l'hébreu moderne ? Le professeur d'hébreu connaît bien l'étonnement teinté d'intérêt qui apparaît sur le visage de son interlocuteur lorsqu'il lui apprend que - tenez-vous bien - l'hébreu est enseigné en France dans le secondaire!

Tentons de percer, quelque peu, le mystère.

L'hébreu est l'une des langues alphabétiques les plus anciennes dont nous possédons la trace écrite. Plusieurs trouvailles archéologiques témoignent de la présence de l'hébreu en terre de Canaan (territoire correspondant plus ou moins à celui d'Israël aujourd'hui) plus de mille ans avant Jésus-Christ et les chercheurs s'accordent pour dater le début de la rédaction de la Bible au  VIIIème siècle. C'est donc dans cette langue que nous sont parvenus les récits de la création du monde, du déluge, c'est dans cette langue qu'ont été rédigés les textes sur le premier Hébreu et premier monothéiste Abraham, sur Joseph vendu par ses frères, sur Moïse conduisant son peuple vers la liberté, sur David défiant Goliath. La littérature biblique, qui s'étend sur près de huit siècles, est d'une richesse insoupçonnable : récits à caractère historique (les Rois), poèmes (le cantique des cantiques, les psaumes), réflexions philosophiques (l'Ecclésiaste)...

Donc, au commencement, l'hébreu est la langue de la Bible. Mais encore ?

L'alphabet hébraïque comprend vingt-deux lettres dont... vingt-deux consonnes. Les voyelles ne font pas partie de l'ossature du mot, de son sens, et le lecteur doit "deviner" la prononciation. Cette donnée désarçonne parfois le lecteur débutant, d'autant plus que, pour corser les choses, l'hébreu se lit et s'écrit de droite à gauche. Pourtant, peu à peu, la logique presque mathématique de la langue se met en place. Comme les autres langues de la famille sémitique, l'hébreu construit des verbes et des mots autour de racines trilitères (trois lettres) selon des modèles bien précis. Ainsi, très rapidement, le débutant peut lui-même former un verbe à partir d'une racine, comme dans un jeu d'assemblage, de construction.

L'hébreu, oui, mais pour quoi faire ?

- pour connaître la civilisation hébraïque, celle du Livre, et bien entendu, pour comprendre d'où est issue la pensée judéo-chrétienne fondatrice du monde européen au sens large du terme, de sa morale et de ses principes ;

- pour compléter une formation classique (latin, grec) et s'orienter vers des études d'histoire antique, d'archéologie, de langues anciennes ;

- pour participer aux échanges commerciaux et culturels entre la France et Israël.

Par ailleurs, les discussions de paix entre Israël et ses voisins arabes laissent présager un essor économique de cette région du bassin méditerranéen tant par le tourisme que par les investissements des Etats-Unis et de la C.E.E.

Enfin, dans le domaine des nouvelles technologies, Israël occupe une place de leader sur la scène internationale et constitue l'un des pôles d'attraction favoris des industries de pointe. Entre tradition et modernité, de la Bible à Internet, l'hébreu est toujours présent !

L'hébreu, oui, mais où ?

Actuellement dans la région du Nord, l'hébreu est enseigné à Lille, au Lycée Fénelon (27, rue Alexandre Leleux). Un enseignement est proposé en deuxième et troisième langue vivante. Les cours sont axés sur la maîtrise des bases de l'hébreu moderne mais offrent une passerelle vers l'hébreu classique. Les "temps forts" de la civilisation hébraïque (Bible, Talmud, histoire juive, histoire d'Israël, littérature israélienne moderne) forment les thèmes autour desquels l'enseignement de la langue vient s'articuler.